Les Otakus ou les passionnés de mangas.

Qu'est-ce qu'un Otaku?

Le terme Otaku est composé du préfixe honorifique "o" et du mot "taku" qui peut se traduire par "maison". Il a plusieurs significations. En effet, au Japon, il désigne une personne cloitrée chez elle et s'adonnant à une passion pouvant se développer à l'intérieur. Au contraire, en Europe, le terme Otaku désigne une personne passionnée par les mangas et les animes. En France, les Otakus ont développés une culture qui leur est propre.

Les Otakus partagent leur intérêt pour les mangas et les animes. Cet intérêt s'exprime à travers leur lecture et leur visionnage de série bien évidemment. Mais il s'exprime aussi à travers leur vocabulaire emprunté à la langue japonaise et leur cosplay pour les plus passionnés.

L'histoire du manga: de sa création à son évolution en France

Les origines du mangas

Le terme "manga" a été inventé en 1814 par Katsushika Hokusai lors de la publication de son recueil de dessin représentant la vie du peuple japonais durant l'ère Edo intitulé "Hokusai Manga". Ce terme est issu de deux idéogrammes chinois signifiant littéralement "image dérisoire".

Cependant, les premiers mangas existaient déjà au XIIieme siècle. C'était des rouleaux de dessins appelés e-makimono qui représentaient des animaux anthropomorphes reproduisant des scènes de la vie de l'époque. Il s'agit du premier manga humoristique.

Au XIXieme siècle, le Japon subit une vague d'occidentalisation tandis que les journaux satiriques se développent de plus en plus en occident. C'est à cette époque que le manga s'industrialise. Au XXieme siècle, des séries apparaissent dans les journaux quotidiens et de nouveaux magazines pour enfants consacrés aux mangas sont créés tels que les périodiques "Shônen Club" en 1914 et "Shôjo Club" en 1923.

La naissance du manga moderne

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les mangas se sont multipliés pour répondre à une forte demande de distraction bon marché. De plus, les comics arrivant au Japon inspirent les auteurs japonais.

L'un des auteurs les plus marquants de cette époque fut Osamu Tezuka. Il publie son premier manga en 1946. Il rêve de se lancer dans le dessin animé mais n'en a pas les moyens. Pour pouvoir animer ses histoires, il crée un style graphique et de mise en page dans le but de faire ressentir les mêmes émotions que la vision d'un film : il dessine des cases de tailles et de forme variable pour donner une dynamique cinématographique, il dessine la même action sous de nombreux angles différents pour donner un impression de ralenti, il ajoute des traits de vitesse et enfin il fait de grands yeux très expressifs à ses personnages pour accentuer leurs sentiments et leurs émotions. Cette technique fut ensuite utilisée par tous les autres auteurs jusqu'à aujourd'hui.

En 1962, Tezuka crée le Studio Mushi où il adapte ses succès en anime. Il installe ainsi le système impliquant qu'un manga à succès est généralement adapté en anime.

L'introduction du manga en France

À la fin des années 70, la production européenne de dessin anime est insuffisante pour répondre à la demande. Les grandes chaines se tournent alors vers les productions japonaises qui sont nombreuses, variés et peu chère.

Ainsi, en 1978, Antenne 2 diffuse Goldorak qui eut un succès inattendu considérable. En effet, la série eut même droit de faire la couverture de Paris Match intitulée "la folie Goldorak". Suite à ce succès, Antenne 2 acquière et diffuse trois autres série : Albator, Capitaine Flam et Candy.

En 1983, Antenne 2 diffuse Les Mystérieuses Cités D'OR qui est une réalisation conjointe des studios français, luxembourgeois et japonais.

Face au succès des animes japonais sur Antenne 2, La Cinq commence a diffusé ses propres animes japonais tels Jeanne et Serge en 1987 et Olive et Tom en 1988. Enfin, TF1 crée l'émission le Club Dorothée dans laquelle elle diffuse les plus gros succès du moment au Japon : Saint Seiya, Ken le Survivant et Dragon Ball.

La polémique Ken le Survivant

Cependant ces animes venu du Japon font polémique. En effet, en 1989, Ségolène Royal publie Le Ras-le-bol des bébés zappeurs dans lequel elle reproche aux animes japonais de montrer une trop grande violence. Ses propos illustrent les préjugés forgés à l'époque.

L'anime le plus critiqué est Ken le Survivant. En effet, cet anime diffusé parmi les dessins animés pour enfants raconte l'histoire de Ken qui erre dans un monde post-apocalyptique en aidant les innocents à se protéger face aux crapules grâce aux arts martiaux. De plus, les doubleurs Français ont truffé la version française de jeux de mots plus ou moins intelligent.

Des années 90 à aujourd'hui

En 1993, le Club Dorothée diffuse Dragon Ball Z qui rencontre un succès tel qu'il sera ensuite diffusé sous format papier. De nos jours, les animes sur les chaines généralistes ne sont que les rediffusions des grands succès du début des animes japonais en France. En effet, pour trouver des animes plus récent, il faut passer par la TNT, les chaines spécialisées ou les chaines payantes.

Le début du manga papier

Entre 1978 et 1982, un magazine intitulé Le Cri Qui Tue essaye sans succès de publier des mangas. En 1983, la maison d'édition Les Humanoïdes Associés tentent de publier Gen d'Hiroshima mais le public n'est pas au rendez-vous.

En 1988, Jacques Glénat rentre du Japon avec un manga intitulé Akira qu'il juge très prometteur. Il apparait d'abord en 1990 sous forme de fascicule couleurs mais ne rencontre pas le succès. En 1991, la sortie du film tiré de ce manga va éveiller un vif intérêt des Français envers l'art des mangakas. Glénat publie ensuite Akira dans un format livre de poche ayant ainsi un grand succès.

Mais les mangas en version papier connaissent un véritable succès seulement avec la sortie de Dragon Ball en 1993. Suite à ce succès, en 1995, Casterman lance sa collection manga et Dargaud crée sa filiale Kana. Il existe aujourd'hui trente-trois éditeurs spécialisé en France.

Les films d'animations

Le plus grand honneur pour un mangaka c'est de voir son manga adapté en anime puis en film d'animation. Le premier film d'animation tiré d'un manga qui est sorti en France fut Akira en 1991. Puis le film Ghost In The Shell de Mamoru Oshii sort en 1997. Sa suite, Innocence, est sélectionnée au festival de Cannes en 2004.

En 1995, Porco Rosso de Hayao Miyazaki sort au cinéma en France. Mais c'est en 2000 que Miyazaki conquis le public français avec Princesse Mononoké. Suite au triomphe du Voyage de Chihiro, les anciens films de Miyazaki sont diffusés en France.

En 2003, sort Interstella 5555 qui est une mise en scène de l'album "Discovery" de Daft Punk par Leiji Matsumoto le créateur d'Albator.

Les raisons d'un tel succès (1)

À l'origine, les œuvres japonaises ont été introduites en France pour satisfaire un public d'enfants. Cependant, elles ont très vite intéressées les adolescents.

Cet engouement peut s'expliquer par un tout nouveau type de réalisation : la mise en scène est dynamique et cinématographique. En effet, il y a une alternance continue entre les différents types de cadrages tels que des gros plan sur les visages, les plans larges pour découvrir le décor, des mouvements de caméra et la technique du face à face entre deux personnages présentant sur le même plan le dos d'un personnage et la face d'un deuxième personnage.

De plus, les scénarios innovants rendent les mangas très attrayant. En effet, les séries se suivent comme des feuilletons ce qui permet de développer des scénarios complexes. Les personnages ont des psychologies très développées et qui évolue tout au long de la série suite aux expériences qu'ils traversent. Enfin, il arrive qu'il y ait des flashbacks lorsqu'un personnage se remémore un évènement ce qui permet aux spectateurs ou lecteurs de comprendre l'histoire même s'ils ont loupés un épisode.

Les raisons d'un tel succès (2)

Les mangas sont également adaptés au public visé : il existe des Shônen pour les jeunes garçons qui mettent en scène des affrontements entre les personnages, des Shôjo pour les jeunes filles qui regroupent des histoires de romances, de jeunes filles aux pouvoirs magiques et de jeunes sportives. Ce genre eut un véritable succès grâce à un manque de concurrence au sein des bandes dessinées belges. En effet, les thèmes abordés sont nouveaux, les personnages sont souvent des adolescents et le rythme de publication soutenu permet au personnage de vieillir avec le lecteur ce qui permet au lecteur de s'identifier au personnage. Il existe d'autres genres tels que les Seinen ou les Josei destiné aux jeunes adultes et dont les thèmes sont plus matures et la violence plus crue.

L'aspect de chaque personnage est étudié dans les moindres détails : les yeux sont toujours assez grands pour être très expressifs et les chevelures sont d'un style séduisant mais différent pour permettre un attachement à celui-ci. De plus, les tenues sont plus ou moins réfléchies suivant le contexte de l'histoire : dans un lycée, les personnages porteront un uniforme tandis que dans une série historique ou fantastique, les tenues seront réfléchies au détail près.

Enfin, l'impression en noir et blanc et le format poche donne un style épuré et un coût faible à l'œuvre.

Des fans impliqués

Dans les années 90 apparait des fanzines autrement dit des magazines créés par des fans pour des fans. En effet, en 1991 a lieu la première parution d'AnimeLand. Il est encore en activité aujourd'hui. En 2006, les Humanoïdes Associés crée le Shogun Mag, un magazine de prépublication comme il en existe au Japon.

Internet a aussi permis aux mangas de se propager. En effet, les fans ont créés les fansubs et les scantrads. Le fansub consiste à se regrouper en "team" pour traduire et sous titrer les animes. Le scantrad, quant-à-lui, consiste à scanner des mangas papier pour ensuite les traduire. Bien qu'étant illégal, cette pratique concerne principalement des séries non licenciés en France ce qui permet de promouvoir et d'évaluer la popularité potentielle de celles-ci.

Fascination et Inspiration

Les mangas permettent aussi de découvrir la culture japonaise. En effet, les mangas ont tendances à décrire certains aspects de la culture japonaise.

En 1999, la Japan Expo est créée. Il s'agit d'un festival regroupant des stands sur les mangas, les animes, les jeux vidéo, le cinéma, la J-Music et la culture japonaise. Il permet aussi aux fans de faire du cosplay, une activité qui consiste à se déguiser comme son personnage favori du moment.

L'art du manga fascine aussi les auteurs de bande dessinée français. En effet, en 2005, Jean Giraud collabore avec Jirô Taniguchi pour créer Icare. De plus, on assiste à l'apparition de "manfra", mangas français, tels que Dofus ou DreamLand.

Le vocabulaire

Catégories de manga en fonction du public visé

Kodomo
Anime ou manga destiné aux jeunes enfants.
Shonen
Anime ou manga destiné aux jeunes garçons (spécifiquement pour des personnes de moins de 14 ans mais qui peut avoir une audience beaucoup plus large).
Shojo
Anime ou manga destiné aux jeunes filles.
Seinen
Anime ou manga destiné aux hommes qui sont dans les environs de la 50aine.
Josei
Anime ou manga destiné aux femmes allant de la fin de l’adolescence à la femme adulte.
Ecchi
Anime, manga ou jeu érotique.
Hentai
Anime, manga ou jeu pornographique.

Catégorie de manga en fonction de l’univers

Magical Girl
Manga ou anime mettant en scène de jeunes filles ayant des pouvoirs magiques, généralement de type sorcière ou magicienne (Par exemple : Madoka?Magika, Sailor Moon).
Harem
Manga ou anime ayant un personnage masculin proéminent pour un nombre plus important de personnages féminins principaux.
Mecha
Manga ou anime mettant en scène des “mecha”, à savoir des robots humanoïdes de taille gigantesque (Par exemple : Neon Genesis Evangelion, Goldorak)

Suffixes honorifique

San
Niveau de politesse standard (équivalent à Mr./Mme.)
Kun
Très souvent utilisé pour s’adresser à des garçons ou des amis masculins.
Chan
Utilisé pour les bébés, jeunes filles ou jeunes garçons, ou pour les petits-amis/amis très proches.
Sensei
Utilisé pour les professeurs, politiciens, docteurs ou autres personnes d’autorité.
Senpai
Utilisé pour les supérieurs ou les personnes respectées.
Sama
Utilisé pour les divinités et les personnes de la royauté.

Caractères typiques des personnages

Yandere
Personnage psychologiquement instable ayant des sentiments pour un autre personnage mais utilisant ses pulsions meurtrières pour par exemple “se débarrasser de la compétition”.
Tsundere
Personnage dur et énervant au premier abord mais affectueux une fois sortie de sa coquille.
Kuudere
Personnage froid et cynique en apparence mais attentionné en réalité.
Deredere
Personnage adorable et énergique envers tout le monde.
Dandere
Personnage calme et silencieux lorsque entouré par plusieurs personnes mais adorable et énergique lorsque seul avec une autre personne.
Kamidere, Himedere, Oujidere
Personnage ayant un complexe de supériorité et se croient respectivement l’équivalent d’un Dieu (Kami), Princesse (Hime) ou Prince (Ouji).

Styles de dessin

Moe
Style de dessin caractéristique et simpliste qui a pour but de faire sentir des sentiments d’affection envers les personnages (Par exemple : Nichijou).

Idéalisations

Bishonen
Représentation de l’idéal masculin, en majorité un garçon efféminé, androgyne et jeune.
Bishojo
Représentation de l’idéal féminin.

Les produits dérivés

Le marché des produits dérivés

Les produits dérivés des Otakus sont très nombreux et ne cessent de se démultiplier. Depuis le 21ème siècle, on considère qu'être Otaku relève d' une passion qui se démocratise énormément dans le monde, mais en priorité au japon. La société japonaise l'a bien compris et le marché aussi. En effet, le marché des objets dérivés au Japon est ainsi égal à celui des contrats de diffusion des œuvres dont ils sont tirés, représentant plus de 1.000 milliards de yens (7,5 milliards d'euros) par an.

En effet, ils se sont adapté en renforçant davantage l'offre chaque année, car le phénomène se répand et d'énorme flux d'argent est véhiculé par ce mouvement très prometteur.

Différente forme de produit dérivé existe. Des t-shirts aux figurines. Des posters aux stickers. Des mugs aux portes-clés. Mais aussi des articles de papeterie, des bijoux ou des DVD.

La différence entre le Japon et la France

Au japon, nous pouvons distinguer l'ampleur du mouvement bien plus grand que dans les autres pays, qui est en relation avec la vie professionnelle japonaise. La culture japonaise se veut très stricte concernant le travail, par exemple la signature d'un contrat de travail représente pour un japonais un événement majeur de sa vie, car le travail correspond à un engagement tel le mariage et donc à une promesse de fidélité semblable au serment d'alliance. L'employé doit porter le costume de l'entreprise et être conditionné par les valeurs que l'entreprise veut véhiculer.

Ainsi, pour ces raisons, les Japonais considèrent le gadget et le produit dérivé comme une manière se distinguer, de s'exprimer, de sortir de l'anonymat des villes surpeuplées.

On peut noter une petite exception pour Pokemon qui a connu un succès incroyable à l'étranger et en France.

Les conventions

L'origine des conventions

Les rencontres dédiées aux mangas et anime sont anciennes au Japon. Une pionnière du genre est Comiket, créée en 1975 à Tokyo dans le but de populariser des dôjinshi, mangas créés et publiés par des fans. Elles se multiplient au fil des années avec l'aide des éditeurs, qui y voient un bon moyen d'assurer la publicité de leurs séries.

Le phénomène se développe également en Occident dans les années 1980 avec l'importation de la culture japonaise. Aux États-Unis, ces anime conventions rejoignent les festivals de culture populaire américaine : science-fiction, comic books, etc.. Leur véritable succès ne commencera toutefois que dans les années 1990, décennie durant laquelle de tels évènements apparaissent aussi en Europe. En France, la plus célèbre est Japan Expo, créée en 1999, qui lance pour de bon le phénomène des conventions françaises (l'anglicisme convention ayant été adopté pour les différencier des expositions plus classiques). D'autres évènements suivent la tendance : Paris Manga, Japan Expo Sud... Leur point commun est que leur croissance rapide les a poussés à s'ouvrir à une culture geek plus générale, invitant des créateurs de séries, jeux vidéo, films de SF, etc.

Le contenu des conventions

Les invités d'honneur sont au centre de ces évènements : il peut s'agir d'un mangaka, d'un scénariste ou d'un designer célèbre présent pour des dédicaces ou une conférence. Ils peuvent également tenir un atelier. De nombreux autres artistes tiennent des stands de dédicace. Ceux-ci sont parfois tenus par un éditeur occidental, qui compte sur la présence des artistes pour faire découvrir une série en vue d'une publication.

On y trouve aussi de nombreux stands de vente, où sont proposés des mangas mais également de nombreux produits dérivés : peluches, posters, et même épées. Il est rare de revenir d'une convention sans un ou deux goodies.

Les salles de conférence sont également employées pour des avant-premières et projections tests, souvent suivies de panels où des artistes répondent aux questions des fans. Des concours y ont également lieu, notamment de cosplay, discipline chère aux conventions. Les fans y trouvent un moyen d'exprimer leur créativité en confectionnant des tenues inspirées ou directement reprises de celles de personnages de mangas ou jeux vidéo. Le phénomène est sans doute celui dont la croissance a été la plus sensible ces dernières années, parfois au regard moqueur des médias généralistes.

Enfin, les conventions proposent des expositions : d'art japonais, de dessins préparatoires, etc.